Les colonnes de Beck : un outil puissant pour les dirigeants de cabinets dentaires
Introduction : quand le pilotage automatique prend le dessus
Dans la pratique d’un chirurgien-dentiste dirigeant, il arrive que certaines situations déclenchent une réaction quasi instantanée, comme un réflexe.
Un patient qui arrive en retard, une assistante qui oublie un protocole, un fournisseur qui ne répond pas, un mail mal formulé… et voilà que la réaction part plus vite que la réflexion.
Ce passage en pilotage automatique peut sembler naturel, mais il est parfois inapproprié aux objectifs que le praticien s’est fixés : garder une atmosphère sereine, préserver la relation avec l’équipe, maintenir un climat de confiance avec les patients.
En coaching, l’un des outils les plus efficaces pour prendre conscience de ces réactions et apprendre à les transformer est celui des colonnes de Beck. D’abord un outil de diagnostic, elles deviennent ensuite un support de transformation, en aidant à choisir une réponse plus adaptée et alignée avec ses objectifs de dirigeant.
Les colonnes de Beck expliquées
Inspirées des travaux d’Aaron Beck et largement diffusées par le psychiatre Charly Cungi, les colonnes de Beck permettent de mettre de la clarté dans ce qui, d’habitude, se déroule très vite dans notre esprit.
L’idée est simple : nos émotions et comportements ne sont pas déclenchés directement par une situation, mais par les pensées automatiques qui surgissent immédiatement. Ces pensées sont souvent répétitives, peu nombreuses (5 à 10 reviennent en boucle) et forment une sorte de « paysage intérieur » qu’on ne voit plus à force d’habitude.
La restructuration cognitive, concept développé par Cungi, consiste à identifier ces pensées automatiques, les questionner et les reformuler pour ouvrir la voie à des comportements plus efficaces et à une meilleure gestion du stress.
Les 5 colonnes de Beck
Situation déclenchante
L’événement précis qui fait réagir. Cela peut être réel (un patient en retard), ou simplement une pensée qui revient (anticiper une facture, imaginer un conflit).Émotion ressentie
Identifier l’émotion principale (colère, peur, stress, découragement…) et l’évaluer sur une échelle de 0 à 10.Pensée automatique
Mettre en mots la pensée réflexe qui traverse l’esprit. Elle est brève, spontanée, et paraît vraie sur le moment (« Ça ne va jamais marcher », « Je vais avoir des problèmes », « On ne me respecte pas »).
On évalue aussi le niveau de croyance (0-10).Comportement
Observer la réaction immédiate (hausse de voix, repli, agitation, évitement…) et évaluer son efficacité réelle sur une échelle de 0 à 10.Conséquence
Constater ce que cette réaction entraîne (relation tendue, perte de confiance, ambiance crispée…) et en évaluer la souhaitabilité (0-10).
Exemple concret : un patient en retard
Prenons une situation fréquente dans un cabinet : un patient arrive en retard sans prévenir.
Situation déclenchante : Patient en retard sans prévenir
Émotion ressentie : Stress (8/10)
Pensée automatique : « Je perds le contrôle, tout va déraper » (Croyance 9/10)
Comportement : Agitation, hausse de voix (Efficacité 3/10)
Conséquence : Atmosphère tendue, patient mécontent (Souhaitabilité 4/10)
Cet exemple illustre bien le mécanisme : une petite étincelle (le retard du patient) peut suffire à déclencher une réaction disproportionnée par rapport à l’objectif (conserver un climat de confiance et de sérénité).
Pourquoi c’est difficile sans accompagnement
Utiliser les colonnes de Beck est extrêmement puissant, mais pas toujours facile au début.
En pratique :
Les pensées automatiques défilent vite, et il est difficile de les attraper « à chaud ».
Beaucoup de coachés ne remplissent pas spontanément leurs colonnes, preuve que l’exercice demande un réel effort de recul.
C’est alors le rôle du coach de soumettre l’outil, de rappeler son importance, et parfois de questionner les résistances (« Qu’est-ce qui a rendu difficile l’exercice cette semaine ? »).
L’apport du coaching de dirigeant
Pour un dirigeant de cabinet dentaire, apprendre à utiliser les colonnes de Beck, c’est :
Développer une meilleure gestion de soi dans les moments de tension.
Préserver la qualité des relations avec l’équipe et les patients.
Renforcer son leadership en choisissant des comportements alignés avec ses objectifs.
Réduire son niveau de stress par une restructuration cognitive durable.
Petit à petit, le praticien prend conscience que ses pensées automatiques sont répétitives, qu’elles ne reflètent pas toujours la réalité, et qu’en les transformant, il gagne en liberté et en efficacité.
Conclusion
Les colonnes de Beck ne sont pas seulement un exercice de psychologie : ce sont un outil pratique pour tout dirigeant de cabinet dentaire. Elles permettent de ralentir le flux automatique des réactions, de mettre de la clarté dans ses pensées, et de choisir des comportements qui construisent au lieu de détruire.
Comme le souligne Charly Cungi, il suffit souvent de modifier quelques pensées-clés pour transformer en profondeur sa manière de gérer le stress.
C’est un chemin exigeant, mais les bénéfices sont immenses : sérénité, confiance, efficacité, et un cabinet qui respire l’équilibre.